Expo & Sens -Rennes Métropole Mag

L’ART DES VILLES ET L’ART DES CHAMPS SONT-ILS DIFFÉRENTS ? NON. CE QUI CHANGE, C’EST L’ÉNERGIE À DÉVELOPPER POUR ATTIRER DES VISITEURS – AVERTIS OU NON – HORS DES GALERIES CITADINES. A L’ETRILLET, ON PEUT DISCUTER AVEC LES ARTISTES, TOUCHER DE PRÈS LEURS UNIVERS CRÉATIFS EN UTILISANT UN SENS MÉCONNU : NOTRE ODORAT.

A Bruz, dans la grange de l’Etrillet, les toiles de Michèle Barange et les sculptures de Loïc Hervé ont trouvé leur place dans ce lieu apaisant, où la lumière filtre et fait ressortir les vieilles pierres. A l’invitation d’Emmanuelle Jousset, propriétaire avec son mari de l’éco-domaine de l’Etrillet, les deux artistes se sont approprié les lieux un peu à leur guise. Un peu appâtés aussi par l’idée incongrue d’Emmanuelle : proposer une exposition d’art contemporain qui se sent, se respire pour mieux se partager. « L’odorat est notre sens le plus primitif. Il est indissociable de la respiration, donc de la vie. Il fait appel à des souvenirs bien ancrés et met le spectateur dans de bonnes conditions pour percevoir pleinement l’œuvre qu’il observe », explique Emmanuelle Jousset.

L’art se respire pour mieux se sentir

Testons la formule avec cette toile lumineuse de Michèle Barange, inspirée d’un voyage en Turquie. Des couches de couleurs roses et blanches se superposent au premier regard, avec un effet matière spontané et sensuel à la fois. Pour l’instant, c’est l’envie de toucher qui domine. Pourtant, l’odeur du laurier rose, qui a inspiré cette œuvre, est bien là. Avec elle, l’esprit s’évade et les lauriers roses apparaissent sur la toile quand ils ne sont en fait qu’une idée, une sensation.

« Vous savez, il y a plein d’odeurs dans un atelier de peintre. Térébenthine, huile de lin, alcool. Moi j’essaie de retranscrire d’autres odeurs finalement, moins techniques et liées aux paysages ou aux émotions que je ressens » raconte Michèle Barange. Cette exposition « Sensationnelle » propose une vingtaine d’œuvres de l’artiste rennaise. A chacune est associée une odeur particulière pour mieux s’approprier son œuvre et son univers. « Je travaille sur le paysage et les impressions de paysage, l’émotion que l’on ressent, la lumière au sens presque spirituel. J’écrase cette peinture à l’huile tout en laissant des couches successives en dessous. C’est à la fois calculé et improvisé, un vrai travail de mémoire ».

Duo d’artistes

Michèle Barange n’est pas seule dans les lieux. Loïc Hervé, sculpteur, est à ses côtés avec son travail sur la ligne, inspiré de l’univers maritime. L’architecture de ses œuvres commence par une matière dure telle que le granit avant d’enchaîner avec le bois et l’acier chauffé, soudé, en tension. Une note légère, presque féminine, achève l’ensemble comme des peluches de coco ou une touche de couleur poudrée.

C’est la deuxième exposition d’art contemporain proposée par l’Etrillet. Dans ces lieux en pleine campagne mais proches de la ville, l’idée est de proposer une autre manière d’appréhender l’art et les artistes. Avec l’odorat aujourd’hui, et demain l’ouïe ou le sens tactile voire le goût, la volonté d’Emmanuelle Jousset est bien de proposer d’aller au-delà du regard pour toucher de plus près les artistes et leurs œuvres. De les rencontrer vraiment.

I. Barreau

 
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